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Le jeudi, 07 novembre 2019

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La poesie vagabonde

Bouton 5

Juliette

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1er juin 2018

Chers Amis,

Je souhaite vous faire partager cette rencontre émouvante. Profondément humaine. En accord avec mon rapport à la vie. Poésie !

Bus Paris-Strasbourg. Je m'assois à côté d'un jeune homme. Nous nous saluons " Il fait chaud ". La conversation s'engage." J'écris de la Poésie". " Vous connaissez Mahmoud Darwich?". " Oh Oui, je le récite par coeur ". Issam est syrien. Nous parlons. De l'essentiel. Avec le cœur. Il me raconte. Damas. 2013. La déflagration énorme. Il sort du lycée. Il prend à gauche. Ses quatre amis à droite. Il marche sur des corps. Des hommes tirent. Pourtant il a un uniforme de lycéen. Il longe les murs en pensant à son père. La maison. Enfin. Ses quatre camarades n'ont pas réussi à rentrer. Hagard. Triste. Non c'est un sentiment qui n'a pas de mot. Issam arrête les cours. Il se retire dans la ferme familiale à Kifraya où pendant un an il ne parle pas. Il écrit de la poésie. 
Un jour devant les larmes de son père, il comprend. Il reprend l'école. En un seul mois, il apprend apprend apprend. Il obtient son bac. Aujourd'hui Issam est étudiant à Strasbourg. Il écrit tous les jours. Il n'y a jamais de hasard. Je sais pourquoi j'ai choisi ce siège. La poésie nous relie. Définitivement. En chemin, il me montre un poème écrit en Arabe. Ensemble. Sur la route qui défile. Nous le traduisons. Nous le travaillons. Cinq heures de discussion. Ivres de poésie ! Je le partage avec vous ici sous son approbation émue :

Route vers la survie

Ô nuit qui s'attache à moi
Comme le sein de ma bien-aimée 
Abandonne-moi 
Ô pays bien aimé
Et l'injustice
Abandonne-moi 
Mes souvenirs 
Caniveaux où nagent 
Les algues !
Mon enfance est de velours 
Fer, radiation
Le temps des armes à feu
Mon village est une cascade
De martyrs
Et la pauvreté
Abandonne-moi 
Ô peuple de la Terre 
Médias, politiciens
Ô agents de la mort
Abandonnez-moi
Je ne prendrai pas la route
de la survie avec vous
Le fantôme de ce vieil homme me hante
Dans ma colère
Dans ma plainte 
Dans mon tourment
Voyez-le 
Assis en train de pleurer
Ses yeux durcis
Et ses cils plus durs
Que tous les ciseaux
Et ses mains qui sont invitées à prier
Les profondeurs de son chagrin sanglant ont inondé mes rêves
Comment puis-je le laisser et partir ?
Et qui retrouvera son fils 
Si je pars ?
Et moi qui guérira mon âme ?
Venez, vieil homme, asseyons-nous près
du sanctuaire de jasmin
ou sous les décombres 
du minaret 
Hors du crime
Nous éléverons nos griffes
Adossés sur l'épave d'un arbre
Tout le monde fuit le brasier
Il n'y a plus que nous
Dans cet enfer
Silencieusement 
Entrelacés

Issam part aujourd'hui pour passer l'été aux côtés de ses parents en Syrie. Il n'y a plus d'aéroport. Là-bas. Il prendra un vol de Francfort à Beyrouth où un chauffeur de confiance l'attendra pour rouler jusque Tartous. Il faudra attendre le jour pour passer la frontière. Il va apporter le livre de la Poésie Vagabonde à sa mère et son père qui est poète. Mon cœur bat. Fort. Oui mon cœur. Mon âme y sera. Dans quelques jours. Avec toi. Là-bas.

 

Amitiés, Juliette.

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